« Regarde moi ça gamin ! » Je levais la tête du haut de mes dix ans en voyant mon père débarquer dans ma chambre avec un énorme paquet dans les mains. Il était rentré des États-Unis quelques jours plus tôt où il était parti faire je ne sais quoi. Et il m'avait rapporté ce cadeau qui, selon lui, faisait fureur en ce moment aux USA. Curieux de nature, je le suivis jusque dans le salon où il trifouilla la télé un moment avant qu'une image apparaisse. Baissant les yeux, j'observais l'espèce de chose grise qui était reliée. Puis, tout se mit en place lorsque mon père brancha deux manettes et en sortit trois jeux sur lesquels je pus lire Marvel Super Heroes. Un jeu de combat avec mes héros de comics préférés. Avec mon père, vous avions commencé à jouer, encore et encore, des heures durant. Dans les années qui suivirent, mon père m'achetait constamment des nouveaux jeux, Digimon World, Gran Turismo, Pac Man World, Oddworld, Grand Theft Auto, tout autant de jeux qui bercèrent mon enfance. Quand on me virait de ma console, j'allais jouer au foot avec les copains. Tout en me prenant pour un super héros capable de tout.

« Micka ? » Silence. « Eh, Micka ? » Toujours rien. « Carmickael, j'te parle ! » « Passionnant, maintenant tu peux te taire Livia. » marmonnais-je, continuant de marcher les mains dans les poches, ma petite sœur collées à mes basques. Ronchonnant davantage, elle eut la bonne idée d'enfin fermer son clapet. Elle avait absolument tenu à m'accompagner alors que j'allais juste me balader après une discussion houleuse avec mon père. Bien mal lui en avait pris, maintenant elle tirait la tronche parce que je ne la laissais pas s'exprimer. Je shootais dans un pauvre caillou qui n'avait rien demandé, le regardant s'envoler quelques mètres plus loin. « Pourquoi tu fais la tête depuis tout à l'heure ? » Je fixais silencieusement Livia qui décidément, ne semblait pas vouloir en démordre. Elle était mignonne cette gamine. De deux ans ma cadette, j'avais toujours été son modèle attitré. Elle me suivait partout, me posait toutes les questions de l'univers, et surtout, malgré le fait qu'elle soit ''la petite'' elle était l'oreille la plus attentive qui soit. Ouais. J'aurais tué pour ma petite sœur. « T'as jamais voulu partir, voir le monde ? » Liv haussa un sourcil face à cette question. Comme à chaque fois que je lui demandais une chose saugrenue. « J'aimerais bien voir l'Australie. Mais apparemment il n'y a pas autant de kangourous qu'on le prétend, alors c'est moins drôle. » Je me mis à sourire malgré moi. « J'aime pas Milan. On vit ici depuis toujours, mais j'aimerais bien partir ailleurs, voir autre chose que cette ville intéressante que de part son nom. J'ai pas l'impression d’être libre ici. » Livia eut une moue adorable, qui caractérisait le moment où elle se retenait purement et simplement d'exploser de rire. « Je te rappelle quand même que tu passes plus de temps dans tes jeux-vidéos que dehors. » « Toi tu passes ton temps avec tes poneys, c'est pas réellement plus passionnant ! » « Tu dis ça parce que t'as eu peur à cause d'une ponette inoffensive ? » « Tu me gonfles Liv. Et puis tu racontes n'importes quoi, j'ai pas peur de tes bestioles ! » Elle me donna un coup de coude dans les cotes, sourire en coin. D'accord mon gars, crédibilité zéro. « On va manger une glace et on en parle plus, traîtresse. » « Ça me va ! »

« Franchement papa, faudra m'expliquer pourquoi j'ai pas de frère. J'adore Livia, mais elle est ennuyante. Des poupées, c'est nul ! » A la mention de frère, mon père avait plongé la tête dans son journal, faisant mine de ne rien avoir entendu. « Papa ? Pourquoi tu tiens ton journal à l'envers ? C'est pas pratique pour lire. » D'autant plus gêné, il finit par plier son journal pour le poser sur la table basse. « De toute façon, il n'y a rien d'intéressant aujourd'hui. » Pourquoi est-ce qu'il se défilait ? Il suffisait de le voir là, mal à l'aise, pour comprendre que quelque chose n'allait pas. Du haut de mes 12 ans, je le voyais bien. En aucun cas je ne me serais attendu à la bombe nucléaire qui a suivi, et donné une nouvelle tournure dans mes intentions de vie. « Tu as un frère gamin. Mais ta mère ne veut pas en entendre parler, c'est juste...compliqué. Certaines choses dans la vie ne se passent pas toujours comme elles devraient. » Dans l’impossibilité d'avoir plus d'informations, il avait fallu que je cherche moi-même. De toute évidence, ce frère n'était pas très aimé dans la famille.

La sonnerie sonna. En l'espace de quelques secondes, la salle se vida, laissant entendre le bruit des mouches qui volent dans cette classe vide. Moi ? Légèrement occupé à dormir durant tout le cours, j'avais relevé la tête en entendant tout ce boucan. Apparemment, on avait parlé de la guitare aujourd'hui. Livia m'avait toujours demandé pourquoi j'avais pris l'option musique au collège, et moi-même, j'en savais fichtrement rien. Le prof n'était plus là. Il devait sûrement parler avec un élève dans le couloir. Étant manifestement seul, ma curiosité m'avait poussé à aller voir cette guitare de plus prêt, faisant courir mes doigts sur les cordes, les faisant vibrer pour obtenir des accords doux à l'oreille. Toujours personne. Me sentant l’âme d'un grand artiste, je l'avais prise sous mon bras comme les chanteurs de variété le faisaient à la télé. Il ne me manquait plus que le savoir faire, alors autant dire que je jouais du grand n'importe quoi bien que dans le fond, ce n'était rien qui m’abîme l'oreille. « Spinelli. Le manche ne se tient pas comme ça, et vous n'avez pas votre main bien placée. » Monsieur Allegri, ou plutôt Monsieur-tu-touches-au-matériel-je-te-ferai-regretter-d'etre-né se tenait devant la porte, observant calmement le spectacle. « Euh... » Pris en flagrant délit, je restais ahuri, debout, seul, au milieu de la salle. Sans se démonter d'un pouce, lui vint vers moi pour … placer la guitare comme il le fallait. « Il y a une règle d'or : on ne touche pas à mes instruments sans que je ne le dise. Puisque tu as fini les cours, ça ne te dérangera de rester une heure de plus. Plus précisément, c'est une heure de colle pour ne pas avoir respecté mes règles. Mais ne t'en fais pas, on va l'utiliser à bon escient. » Il sourit. Et durant une heure, il m'apprit les éléments de base pour jouer. Cela se reproduit jusqu'à la fin de ma scolarité, et deux ans après, il fallu se rendre à l'évidence. « Je n'ai plus rien à t'apprendre Spinelli. » L'élève a dépassé le maître.

« Bon bah... au revoir ? » Mon sac sur l'épaule, je restais debout comme un couillon face la maison familiale, mes parents et Liv face à moi. Cela faisait plusieurs mois maintenant que je leur parlais de partir, de quitter Milan pour rallier les USA. Et plus précisément, à New York. Seul mon père comprenait pourquoi. Durant des mois, j'avais appris à parler anglais, tentant de me faire comprendre approximativement bien. Dès que je voulais discuter dans cette langue avec mon père, je voyais souvent sa lèvre inférieure trembler, signe qu'il retenait un fou rire. Tic dont j'avais hérité d'ailleurs. Puis il fallait croire que mon accent pouvait se qualifier de terrible. Quoiqu'il en soit, j'avais bossé aussi pour grappiller de l'argent histoire d'avoir mon propre appartement là-bas. Quand je ne jouais pas ma musique dans des bars ou des petites salles de concert, je faisais des petits boulots ingrats. Passer la tondeuse dans les jardins des riches du coin, ça rapportait assez mine de rien. Maintenant que j'avais amassé le nécessaire, je pouvais partir. A 24 ans, c'est pas trop tôt vous me direz. Je reculais de quelques pas avant de tourner le dos à la maison de mon enfance. J'avais à peine atteint le portail que Livia me rattrapa, me tirant le bras afin d'attirer mon attention. « Dans combien de temps je pourrais te rejoindre là-bas ? » « Tu as ta vie à vivre Liv', tu vas pas me coller aux basques pendant encore trente ans ! » Elle eut une moue pensive, haussant les épaules. « Crois moi, un jour tu me verras venir frapper à ta porte, et je t'annoncerai que j'habite à 10m de ton appartement. Bon voyage grand frère » Elle posa un bisou sur ma joue, et nous partîmes tous deux de notre coté.

« Et elle, tu la trouves comment ? » « Ouuh, y a du potentiel ! » Encore un peu, et nous abordions toutes les jolies nana du bar. Pouffant de rire, je terminais mon cocktail, espérant qu'il me donnerait le courage que je n'avais pas. Celui d'avouer à Zéphyr que si je faisais ami-ami avec lui depuis mon arrivée, ce n'était pas exclusivement parce qu'il avait une bonne gueule et parce que j'étais le gars le plus sociable de l'univers. Ça faisait quatre ans que j'habitais dans le même immeuble que lui. Quatre ans que je me défilais dès qu'il s'agissait de lui dire qui j'étais réellement. J'avais gardé le nom de ma mère, Palmoore, pour ne pas me faire griller directement. Mais il n’empêche que ce n'était pas simple tous les jours de discuter avec lui en tant que bon pote, en ayant l'impression de se foutre éperdument de sa gueule. Notre rencontre ne s'était pas passée dans les meilleures conditions qui soient malgré tout. En rentrant chez moi, mon idiot de chien avait eu une soudaine envie de se soulager, et avait choisit le paillasson de Zéphyr. Alors que celui-ci ouvrait le porte. On ne peut pas dire que ça ait été le moment le plus glorieux de mon existence. Mais bon, je l'aimais bien cette bestiole. Recueillie à mon arrivée à New-York, il était dans un piteux état dans un coin de poubelle. Son nom ? Gremlins. Certes, pas bien flatteur. Mais sur le coup, c'est ce que j'avais pensé. Chiant, et pas gâté par la nature, ce bouledogue français noir arrivait tout de même à se montrer agréable de temps à autre. Comme moi.

« Mais... NON ! Jiji, t'es qu'une fourbe ! » « Désolée, simple retour des choses  » « Je t'ai dis que j'avais pas fait exprès de te tuer à la partie précédente, fallait pas te mettre au milieu aussi... » « Toujours des excuses. T'es mauvais, c'est tout. » Grognon face à cette défaite cuisante, face à une fille qui plus est, j'abandonnais mon ordinateur pour sortir prendre l'air -et accessoirement m'en griller une-. Cette fille allait me rendre dingue, je le sentais. J'arrivais à peine à croire que je puisse me faire mener par le bout du nez de la sorte. Initialement, ça m'avait exaspéré qu'elle soit meilleure que moi à ce jeu en ligne. Ça aurait été de la concurrence gentillette si j'avais eu un mec en face de moi, MAIS NON. Il avait fallut que ce soit une nana. Autant dire que mon ego de mâle peinait à s'en remettre. Enfin, dans le fond, j'aurais pu tomber sur pire. Elle était chiante, perfide sur les bords, décidément trop secrète, franchement humiliante quand ça lui prenait, mais dans le fond, elle était pas désagréable en tant que partenaire de jeu. Et si je faisais bonne route, je pouvais aussi assurer que la demoiselle n'était pas désagréable à regarder. C'était le pire défi qu'elle me donne cette gourde. Trouver son identité. ET SURTOUT, lui faire avouer. J'allais bien finir par la coincer oui, après tout ça m'amusait moi. Un petit peu. Il faut croire que j'ai trouvé mon occupation pour les semaines à venir. Au bout de trois ans de dure labeur, je finis par me dire que ce sera bien mérité quand j'arriverai à découvrir qui est cette nana. Elle pourra se vanter de m'avoir fait galérer comme un porc.

Gniaaaaaaaaah. Ta fiche est parfaitement parfaite ! Tu as parfaitement cerné le perso (voilà qui est très très important ) VIIITE, un rp rp rp rp rp deux en fait. Un avec Zeph aussi ouais nan, j'vais pas te laisser tranquille de sitôt brefeuh (a)



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