NOUVEL ARTICLE - Qui est Gillian Coleman ?

Par où commencer ? Les aventures morbidement champêtres de Melbourne ? La décadence universitaire de Leicester ? Ou le bazar apocalyptique d'Afghanistan ?

Dans tous les cas, l'existence de Miss Coleman est un tourbillon d'événements saugrenues et cette dernière n'en a pas fini d'éblouir son monde. Je suis suffisamment informé pour vous en parler avec certitude. Par ailleurs, ne vous posez pas plus de questions sur mon identité. Je ne suis qu'un proche de Gillian, l'un des plus étranges selon les dires de ses collègues de travail. Enfin passons, j'ai dit que je ne me dévoilerai pas.

Gillian Alana Coleman est l'aînée d'une longue fratrie composée de trois jeunes filles et deux faux jumeaux. Issue de parents irlandais - précisons qu'il s'agit de l'Irlande du Nord, celle qui appartient éternellement au Royaume-Uni -, Gillian naquit cependant sur le sol australien. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que ses géniteurs étaient des socialistes jusqu'au bout des ongles et ne supportaient plus de vivre dans un pays gouverné par cette sorcière de Margaret Thatcher. La décision fut prise : Ils s'envolèrent pour l'Océanie, continent ensoleillé 24h sur 24, durant l'été 1983. L'impertinente Gillian montra le bout de son nez quelques heures après l’atterrissage. Dois-je préciser qu'il s'agit d'une prématurée ? Voilà qui est fait. Comprenez donc pourquoi j'insiste sur le "impertinente".

Sa naissance a d'ailleurs bouleversé le jeune couple puisqu'ils ont décidé un an plus tard de procréer encore une fois. Et encore une fois. Et... encore. Ils n'avaient pourtant aucun attrait pour les familles nombreuses et c'est justement ce qu'il s'est passé. Ironie du sort ? Dans toute sa splendeur. Revenons donc à cette petite Gillian qui n’appréciait pas tant que ça d'appartenir à une grande famille. Elle voulait se sentir privilégiée et refusait que ses frères et soeurs reçoivent des traitements de faveur. Elle était insupportable. Et cruelle qui plus est, si jeter l'ensemble des élèves de sa classe de maternelle dans une piscine gonflable est jugé comme cruel. Malgré tout, son égoïsme infantile ne l’empêcha pas d'aimer sa famille - dieu soit loué - qui, pas une seul fois, ne s'était montrée stricte envers elle. A dire vrai, les Coleman portaient très régulièrement l'étiquette de la "famille cool", parfois celle de la "famille sans aucune discipline". Les Coleman acceptaient volontiers cette réputation : après tout la discipline était une notion très rare chez eux. Néanmoins, chose étonnante : ils écoutaient du classique. Rien que ça.

Gillian est et a toujours été une très grande sportive, battant constamment ses frères et soeurs à la course, au ping-pong et même au football. Ainsi, elle fit aisément partie de l'équipe de hockey sur gazon de son collège. Elle fit également de la boxe, sous les conseils fortuits de son psychologue qui estimait que la jeune fille avait sérieusement besoin d’extérioriser sa colère sur autre chose que sur son professeur de littérature. Égocentrique, elle ne l'était heureusement plus. Impulsive, elle l'était toujours. Et ce n'était que le début.

Excellant dans les matières scientifiques - ce qui semblait étonnant puisqu'elle appartenait à une famille de littéraire -, elle obtint, par dieu sait quelle miracle, une bourse pour l'université de Leicester, en Angleterre. (bon, elle a été en partie pistonnée par son grand-papa qui travaille là-bas, mais chut, vous n'avez rien entendu de ma part) Et c'est là qu'elle passa huit années de sa vie, jonglant entre les manifestations d'étudiants et ses cours de médecine. Elle n'appartenait pas à une famille noble ou aristocratique, et le précisait sans arrêt. Une sorte d'héritage familiale qu'elle conservait avec fierté. Elle se battait corps et âme pour améliorer la situation des futurs médecins, elle y passait toute sa colère, provoquait celle des étudiants en criminologie qui voyait leur cours annulés à cause d'elle, à cause de cette simple étudiante australienne dont le visage attirait souvent la curiosité de certains. J'ai toujours admiré ses convictions pour être honnête. Elle ne se laissait jamais marcher sur les pieds, elle écrabouillait ceux des autres avec une puissance inédite. Certes, elle pouvait faire peur, mais elle était formidable.

Pendant ces huit années, elle suivit une formation militaire afin de compléter ses expériences. En dépit de son temperement de sportive, elle se sentait comme comme Captain America... avant la transformation. Son chef, imbu de lui-même et misogyne en plus de ça, lui en faisait baver à chaque exercices, estimant qu'elle n'était bonne qu'à figurer. Et vous savez comment Gillian a un sérieux problème à contenir sa colère... Eh bien, ce jour-là, le poing avait atterri sur le nez de son chef, et le coup de pied... dans son entrejambe. Pensant qu'elle serait définitivement exclu de la formation, son excès de colère plut à un haut-gradé. Ainsi, dès qu'elle termina ses huit années de médecine, elle s'engagea dans l'armée en tant que "army doctor". Mauvaise idée ? Ses proches le pensaient. Ses collègues soldats le pensaient également. Cependant, personne ne savait ce que "elle" en pensait.

Son année à l'armée fut un vrai mystère. Je crains de ne pas pouvoir grandement vous aider là-dessus. Elle n'en parle jamais et réagit excessivement lorsque quelqu'un essaye d'aborder le sujet. Seule sa psychologue doit le savoir, je suppose. Certains disent qu'elle avait de mauvais jours et avaient donc tué des gens. Certains disent qu'elle avait accidentellement tiré sur le chef divisionnaire. Certains même disent qu'elle avait fait sauter tout le ravitaillement de cookies de la zone militaire. Dans tous les cas, ce séjour l'a réellement changé. Et pas dans le bon sens.

Définitivement traumatisée par l'Afghanistan, Gillian rentra à Melbourne afin de se ressourcer. De là, elle envoya son CV un peu partout en espérant trouver un métier enfin stable. Un grand complexe hospitalier de New-York lui répondit ainsi que trois autres employeurs, mais, des quatre, elle choisit bien évidemment New-York. Non seulement parce que certains de ses collègues étudiants avaient migré dans les environs mais parce qu'elle avait besoin de recommencer quelque chose. Elle ne savait pas quoi exactement. Mais, après tout, elle avait tellement l'habitude de se jeter dans la gueule du lion. C'était elle tout craché.

Et maintenant ? Maintenant elle vit à New-York. Pas si paisiblement que ça. Elle séjourne dans un immeuble ressemblant plus un hôpital psychiatrique qu'autre chose et elle attaque tout le monde à coup de fusil. Non, sa santé mentale ne s'est jamais évaporée depuis le temps et ses voisins n'ont pas l'air assez stables eux-mêmes pour la rattraper dans toute sa bêtise. Je crois d'ailleurs que l'un d'eux s'est retrouvé à l'hôpital faute d'avoir essayé de piquer le pot de Nutella de Gillian. Il avait, selon les internes, une balle logée dans la fesse droite. Le pauvre n'avait pas pu s’asseoir sur une chaise pendant des semaines. Vous ai-je aussi dit que le demoiselle était somnambule et menaçait régulièrement les locataires avec un fusil, pensant qu'il s'agit de guerriers terroristes ? Bah maintenant vous le savez. Gare à vous.

J'en viens souvent à me poser des questions sur le pourquoi du comment de notre relation. Je me demande aussi pourquoi je n'ai pas encore de balles logées dans la fesse droite. Ou gauche même. C'est que cette Gillian doit vraiment m’apprécier. Tout comme elle apprécie ses anciens camarades de fac. Son caractère est si difficile à aborder, croyez-moi.

A la revoyure pour un nouvel article.

Article écrit le 02/04/2013 à 15h29

OMG Excellente cette Gillian Elle va faire trembler l'immeuble avec son fusil



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